Patrice GIRARD

La guerre des poissons poilus

exposition du 21 septembre au 20 octobre 2007
Du mardi au samedi de 13h à 19h
 

La Guerre des  Poissons Poilus

- Ce sont de vrais poissons ?
- Oui, ce sont de vrais poissons.
- Qu’est-ce que c’est comme poissons ?
- Ce sont des éperlans.
- Oh ! C’est génial !
-Oh ! C’est horrible !

Le poisson visiblement ne laisse pas indifférent : petit être vivant sacrifié au béton, il vogue pour l’éternité des hommes sur la terra incognita de l’art contemporain. Il n’y a pas que Patrice Girard qui s’intéresse aux poissons, me direz-vous. Damien Hirst coupe les requins en deux et Tony Grand est au MOMA. Mais Patrice Girard a pris pour symbole ses si jolis êtres frétillants depuis la Sardine dans le Sel de 1993. Aujourd’hui, nous le savons, nos poissons perdurent : ils gardent leur éclat jusque sous le soleil des tropiques où ils ont toujours eu un franc succès. Petit poisson deviendra grand…la S.P.A. s’intéresse plus aux chats qu’aux anchois…Pourquoi ? La vie d’une sardine est-elle inférieure à celle d’un chien ? Evidemment la sardine, comme animal de compagnie n’égale pas le poisson rouge.

La planète se dessèche, le poisson est inquiet du manque d’eau comme Patrice Girard et bien d’autre que lui. La vie, la mort tiennent à l’air et à l’eau. Plus d’eau bue et c’est la mort, plein d’obus et c’est la mort aussi. Pourquoi mêler les poissons à la guerre de 14/18 : la sardine devient Léviathan, elle arrache les soldats à la boue des tranchées. Le petit poisson devient homme, ce qu’il a toujours été. Et comme on ne veut pas vous raconter une histoire triste, il s’en sortira, planté dans son béton multicolore, pour la plus grande joie de tous. Mer, bateau, rivière, hublots et aquarium ; les poissons se regardent, les poissons me regardent, je regarde les poissons. Ils passent autour de moi, drapés dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, par bancs entiers, comme si je n’existais pas. Pourtant je fais des bulles tout comme les otaries, les dauphins, les baleines…pourtant l’hydre des mers, qu’Héraclès étrangla, mangeait les marins comme la guerre avale les hommes.

« Un petit jardin sur le ventre », c’était synonyme de mort chez les poilus. Depuis longtemps, Patrice Girard est obsédé par les ongles rouges des veuves qui grattent la terre sur les tombes de leurs défunts. Des poissons nature morte aux pattes de poulets aux ongles manucurés, il travaille avec humour une symbolique de la mort qui n’a rien d’héroïque. D’ailleurs, il n’imagine pas que le monde puisse, un jour, lui survivre. Cela peut paraître complètement mégalomane mais secrètement n’y en aurait-il pas d’autres pour penser que la terre et le ciel n’ont été créés que pour eux ?

La vérité, c’est qu’il y a de plus en plus d’êtres humains et de moins en moins de poissons.

                                                       Lélia Mordoch

suite exposition 2007
C.V. Patrice Girard


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